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Ils tournent en rond

<i> Ils tournent en rond</i>

LABBE Boris, Ils tournent en rond, 2011, film

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Le travail de Boris Labbé fait la part belle à l’histoire de l’art et notamment à la peinture flamande de la Renaissance. Ils tournent en rond (2011) est une relecture contemporaine de Kermesse avec Théâtre et Procession de Pieter Bruegel le Jeune (v.1620). Après avoir effacé tous les protagonistes du tableau, le vidéaste a conservé l’arrière-plan (dont les couleurs tirant davantage vers le brun ont été modifiées) pour y incruster sa propre image multipliée en des dizaines d’exemplaires.

 

Ainsi, le même personnage au visage de l’artiste, habillé d’une veste, laissant dépasser un t-shirt blanc, et d’un pantalon noir déambule dans cette scène médiévale. L’anachronisme de la situation n’est pas sans humour. Qui n’a pas déjà rêvé d’habiter dans un tableau de la Renaissance ? Cependant, il n’est pas certain que nous aurions choisi un tableau de Brueghel le Jeune. Les scènes qu’il dépeint sont généralement empreintes de moralisme, les vices souvent mis en avant plus que les vertus. La frénésie représentée par Brueghel se trouve ainsi accentuée par le médium de la vidéo. Le mouvement ainsi que le son rendent le tableau littéralement vivant.
 

Les “clones” de Boris Labbé investissent donc cet espace pour y rejouer en boucle les mêmes actions, dépourvues de sens et sans finalité apparente. À droite de l’image, nous pouvons observer des personnages qui se battent sans que nous puissions savoir pourquoi. D’autres, attablés, boivent jusqu’à dormir sur la table. À droite du cadre, certains font la queue pour être servis d’une soupe jaunâtre, qu’ils boivent puis vomissent rapidement. Derrière, un personnage grimpe à l’arbre et se jette dans le vide créant une rupture du regard (le tableau à l’horizontale appuyée est comme fissuré par ce mouvement). Il est finalement rattrapé in extremis par un de ses compagnons. Son cri ponctue la bande son qui ne semble constituée que de bruits venant de la diégèse. Ces sons reviennent en boucle comme les actions qu’ils accompagnent. Ils participent au sentiment de gêne qui s’installe peu à peu. Nous entendons des cris étouffés, des vomissements, des éructations, des bruits de pas, des coups, etc. qui, si on ferme les yeux, créent un sentiment de malaise jusqu’à la nausée.
 

Au centre, une scène de théâtre ambulant, probablement montée pour la kermesse, présente un spectacle étrange. Les acteurs tournent en rond autour d’une table. Ils sont admirés par une foule compacte rassemblée autour de l’estrade, certains sont même montés sur le toit en chaume de la maison d’à côté pour mieux voir. Mais, qu’y a-t-il à voir ici ? Que cherche à nous montrer l’artiste ? Peut-être qu’il n’y a rien à voir. Un homme perdu dans la monotonie de son existence. Enfin, en arrière-plan, nous observons d’autres attroupements, dont là encore nous ne sommes pas capables de comprendre le but.
 

Comme souvent chez Boris Labbé, il n’y a pas de chronologie claire, mais des cycles qui se terminent là où ils ont commencé. Les personnages rejouent les scènes du tableau : ils mangent, dansent, regardent un spectacle, etc., mais le fait que ces scènes recommencent encore et encore nie le caractère festif de la scène et fait naître un sentiment de malaise chez le spectateur. La beuverie n’amène pas vers une ivresse joyeuse, mais vers un personnage qui vomit encore et encore. C’est comme si nous ne pouvions apprendre de nos erreurs et devions subir le même sort que Sisyphe, revivre chaque jour le même supplice sans pouvoir nous y soustraire. Peu à peu, nous sommes mal à l’aise. Indubitablement, les protagonistes de la vidéo ne sont pas heureux ; certains, prostrés, se tiennent la tête entre les mains ; un autre, traverse le tableau en courant les bras levés vers le ciel apparemment sans but. Chaque action, reproduite à l’infini, devient alors vaine, sans finalité apparente. C’est comme si l’existence ne se résumait plus qu’à une suite de jours qui se ressemblent.
 



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